Victime de son succès des dernières années, le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) ne répondait plus à la demande des écoles et des familles qui souhaitaient venir entreprendre des activités pédagogiques. C’est pourquoi l’institution montréalaise s’est lancée dans un vaste chantier en septembre 2011 pour doubler ses espaces éducatifs.

L’attente en aura valu la chandelle. Après plus de 12 mois de travaux, 400,000$ d’investissement et la complicité de la firme d’architectes Provencher Roy + Associés, les jeunes esprits créatifs possèdent dorénavant de nouveaux terrains de jeu où ils peuvent s’exprimer en toute liberté.

Inaugurés la semaine dernière, ces Studios Art & Éducation Michel de la Chenelière ont de quoi émerveiller les visiteurs. Les architectes auraient facilement pu se contenter de simples couleurs vives et de motifs enfantins pour satisfaire la clientèle, mais ce n’est pas le cas ici. On a plutôt opté pour un design audacieux et convivial faisant appel à des artistes de renom pour habiller l’espace.

Dès son entrée, le MBAM nous plonge dans l’univers ludique d’un lounge familial décoré par de gigantesques dessins en noir et blanc. Campées entre le graffiti et la bande-dessinée, ces créations magistrales signées par 20 artistes du collectif En Masse se greffent sur l’ensemble des murs et des plafonds. Difficile de ne pas se laisser séduire par le talent de ce collectif. Ce lounge permet aux familles de se reposer et de prendre part à différentes activités pédagogiques organisées par l’établissement.

Dans la partie inférieure des studios, les jeunes Picasso en herbe ont l’opportunité de faire aller les pinceaux. Le MBAM s’est offert sept ateliers réservés aux écoles et aux camps de jour de la région. Le mobilier de chaque pièce est sensiblement le même, mais se présente en diverses couleurs vives d’un local à l’autre. Du mauve betterave au rouge pompier, chaises, tables et tabliers permettent aux enfants de créer des œuvres d’art en toute quiétude. Le musée s’attend à recevoir près de 100 000 écoliers uniquement au cours de la prochaine année.

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Autre réalisation notable à proximité des ateliers est l’une des plus récentes créations du designer Claude Cormier intitulée Les Peluches. Au total, 3000 toutous recyclés, provenant d’une exposition antérieure du musée, ont été agencés sur un tableau mural formant une mosaïque arc-en-ciel. De quoi faire ressortir son cœur d’enfant.

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Rare sont les projets architecturaux de qualité adressés à une jeune clientèle. Le MBAM a fait preuve d’audace avec ces nouveaux studios pédagogiques et c’est tout à son honneur. Le détour en vaut franchement la peine, même sans enfant, surtout pour les œuvres bédéesques du collectif En Masse.

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L’industrialisation nord-américaine du 19e siècle a carrément fait basculer certaines villes à dominance agricole et artisanale vers des sociétés fortement concentrées sur des économies capitalistes à tangente commerciale et industrielle.

Ces transformations urbaines ont été accompagnées  d’un boom immobilier sans précédent afin d’accueillir des milliers de travailleurs dans les usines qui se construisaient les unes après les autres.

Un siècle et demi plus tard, les réalités économiques sur l’ensemble de la planète ont bien évolué. Avec la mondialisation, le déplacement de la main d’œuvre et la désuétude de certaines industries, plusieurs quartiers industriels nord-américains et européens ne fourmillent plus et sont parfois devenus carrément fantômes. Un dilemme urbain s’impose donc : doit-on les raser pour faire place à de nouvelles constructions ou doit-on conserver ce patrimoine architectural en revitalisant le secteur?

Montréal ne fait pas exception à la règle

Dès 1850, Montréal se présentait comme le berceau de la révolution industrielle au Canada avec une population de près de 100 000 habitants. Le Centre-Sud en était le cœur industriel, spécialement grâce à sa proximité du port de Montréal qui était une plaque tournante pour le transport de marchandises en Amérique du Nord. D’autres quartiers se sont également largement popularisés, comme Griffintown, qui profita notamment du développement de l’industrie de la bière avec les brasseries « Dow » et « Williams ».

Mais après des décennies de succès économiques, l’activité industrielle du secteur ralentit rapidement vers 1964, alors que le développement de la banlieue est en pleine effervescence et qu’un réseau routier de plus en plus imposant fait son apparition sur l’ensemble de l’île de Montréal. L’émergence de l’autoroute Bonaventure, ceinturant Griffintown, est ainsi venu porter le coup de grâce au quartier. Résultat : la ville s’est retrouvée avec un secteur en pleine dégénérescence.

Cependant, en franchissant le cap des années 2000, une multitude de propositions de revitalisation voient le jour dans le Sud-Ouest, provenant surtout de promoteurs immobiliers qui ont imposé leur vision de redéveloppement à l’administration municipale. Cette vision passe surtout par la construction de nouvelles unités résidentielles et par l’embourgeoisement de Griffintown, ce qui a suscité de vives réactions chez certains organismes liés à la vie communautaire du quartier. Sans oublier que le plan d’urbanisme proposé par la Ville de Montréal a su attirer les foudres de plusieurs architectes et historiens montréalais qui souhaiteraient un quartier plus convivial, plus vert et en harmonie avec le patrimoine architectural du secteur constamment menacé de disparation.

La New City Gas

Un des exemples les plus marquants de sauvegarde du patrimoine à Griffintown est celui de la New City Gas, une ancienne usine à gaz datant du 19e siècle, récemment convertie  en un lieu de conférences et manifestations culturelles. À l’époque, l’usine carburait au charbon qui, une fois chauffé et distillé, permettait de produire un gaz utilisé pour l’éclairage public.

« Le complexe de la New City Gas Company of Montreal a été bâti en plusieurs phases par une diversité d’ingénieurs, d’entrepreneurs et d’architectes. […]C’est un des témoins majeurs de cette révolution et, du fait de la généalogie complexe des compagnies de gaz devenues compagnies d’électricité, le lieu ancestral d’Hydro Québec.1»

Mais malgré sa valeur historique dans le paysage montréalais, la New City Gas est constamment menacée par le pic des démolisseurs, notamment pour le projet de conversion de l’autoroute Bonaventure en boulevard urbain. Pourtant, en allant simplement se balader dans cette nouvelle mouture de l’ex-usine, une audacieuse fusion d’architecture industrielle accompagnée d’une brillante touche contemporaine, on saisit rapidement l’absurdité de détruire un tel édifice.

Notre passé doit nous hanter

N’oublions pas que l’architecture est un témoin privilégié de notre passé et que la sauvegarde de notre patrimoine bâti possède une valeur sociétale beaucoup plus considérable que les impôts fonciers générés par l’apparition de nouvelles tours à condos sans saveur. Notre culture architecturale doit évoluer, notamment dans l’esprit de nos politiciens et promoteurs immobiliers pour éviter d’autres pertes regrettables. Plusieurs villes comme Toronto, Vancouver ou encore Pékin ont récemment saisi des opportunités en or  de redévelopper ces ex-quartiers industriels en les convertissant en de nouveaux lieux touristiques très prisés. Pourquoi pas à Montréal?

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1 Références : www.heritagemontreal.org/fr/new-city-gas

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Depuis l’ouverture du centre culturel Dar Al Maghrib, Montréal peut maintenant se vanter de posséder son « Petit Maroc ».  

Ce nouvel espace interculturel, situé à l’intersection des rues Berri et Viger, ouvre une véritable fenêtre sur la culture marocaine tout en favorisant un dialogue avec l’ensemble de la communauté québécoise. Conçu par la firme ACDF, le bâtiment présente une audacieuse fusion entre les plus pures traditions marocaines des riads et le modernisme architectural québécois.

Ce centre culturel est doté de salles multifonctionnelles, d’un centre de documentation, d’un espace d’exposition, de salles de classe et d’un salon typiquement marocain pour accueillir diverses formes de réunions.

À noter que selon les dernières statistiques de l’Ambassade du Royaume du Maroc au Canada, près de 100 000 Marocains résident actuellement au pays, dont 80 % au Québec.

Quelques faits notables sur la conception du bâtiment:

Les mosaïques de céramique:

Présentes sur tous les niveaux du centre culturel, les mosaïques de céramique ont été fabriquées directement à Casablanca par des artisans locaux, puis assemblées à Montréal par ces derniers. Les architectes du projet tenaient à assurer l’authenticité du décor afin de ne pas exhiber un mince pastiche de l’art marocain.

La présence de moucharabieh:

Fréquemment utilisé dans l’architecture des pays arabes, le concept du moucharabieh servait traditionnellement à la ventilation passive d’un bâtiment tout en filtrant l’entrée de lumière naturelle. Dans ce cas-ci, le grillage métallique perforé camouffle un bureau de l’institution et quelques éléments mécaniques.

Le salon typiquement marocain:

La splendeur et l’authenticité des détails de construction du salon marocain tranchent radicalement avec le design plus épuré du reste du bâtiment. Le chargé de projet, Louis-Philippe Frappier, s‘est rendu directement au Maroc pour dénicher l’inspiration nécessaire lors de la conception de l’édifice.

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