« Je n’habiterais pas dans les condos que je dessine moi-même ». C’est ce que me confiait récemment un jeune architecte montréalais lorsque je lui ai demandé ce qu’il pensait des tours d’habitation qui poussent comme des petits champignons à Montréal.

Pourquoi est-il si exaspéré? « Je m’efforce à concevoir des projets immobiliers qui me semblent confortables et fonctionnels et on me dit d’éliminer pratiquement tous les espaces de rangement parce qu’on perd de l’espace! À quel endroit les futurs résidants rangeront-ils une valise ou une balayeuse? ».

Ce cas spécifique représente-t-il l’ensemble des développements immobiliers en cours dans la métropole? Non, mais on ne peut nier que de nombreux promoteurs ne pensent qu’à rentabiliser leurs projets, quitte à sacrifier la qualité de vie des futurs acheteurs. Pourtant, même avec toutes ces imperfections, les condos se vendront vraisemblablement comme de petits pains chauds. Pourquoi ? À cause de la spéculation immobilière. La plupart des développements en cours sont des tours d’habitation haut de gamme qui se vendent sur papier avant même que le projet soit érigé. Le profil de l’acheteur peut légèrement varier d’un projet à l’autre, mais le désir reste généralement le même : engranger des profits en investissant au centre-ville de Montréal. Et pourquoi pas ? Avoir moi-même les ressources financières, je me laisserais probablement prendre au jeu.

En observant l’état du marché immobilier à Toronto et à Vancouver, on saisit rapidement ce qui risque de se produire à court terme dans notre métropole. Avec la multiplication de ces tours à condos, de nombreux investisseurs locaux et étrangers se manifestent subitement et achètent des résidences sur papier. Une fois le projet habité, les unités prennent rapidement de la valeur et sont revendues aux plus offrants ou louées comme des appartements à des prix généralement très élevés. Un agent immobilier torontois me confiait récemment : « La plupart de mes clients n’ont jamais mis les pieds dans leurs unités. Ils collectent l’argent et c’est tout. Je m’occupe de leur trouver des résidants ». En d’autres mots, peu importe la qualité de l’espace intérieur ou de l’architecture du bâtiment, les projets trouvent preneurs.

Montréal pourra difficilement éviter cette situation, mais devrait certainement veiller à ce que l’ensemble de la collectivité puisse en profiter. Par exemple, pourrait-on exiger plus de logements pour les familles dans les quartiers centraux pour favoriser une mixité sociale? Et en ce qui concerne l’architecture de ces nouveaux bâtiments, l’administration municipale devrait-elle être plus exigeante? Tout dépend évidemment des buts recherchés. Si l’on souhaite simplement rentabiliser des vides urbains en générant des taxes foncières, le design devient secondaire. Si l’on désire par contre améliorer le paysage urbain pour notre fierté collective et pour engendrer davantage de tourisme architectural, la créativité devrait primer.

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Pour poursuivre la réflexion, voici un récent reportage de Radio-Canada sur le sujet: 

La course à la grue à Montréal

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À VOIR ÉGALEMENT | Voici un exemple ahurissant d’une tour d’habitation mexicaine conçue par la firme KD architects. Son design novateur garantit la présence de lumière naturelle tout au long de la journée pour l’ensemble des unités et assure un panorama incroyable pour les résidants. Sans oublier que chaque propriétaire obtient son propre jardin en hauteur… http://bit.ly/yzo5gZ

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Depuis quelques années, l’offre résidentielle est de plus en plus limitée [et dispendieuse!] dans certains quartiers centraux de l’île de Montréal. Pour de jeunes familles à la recherche d’une première propriété ou encore pour des personnes âgées ayant un budget restreint, la seule option à considérer parfois est de s’éloigner du cœur de la ville ou de carrément s’installer en banlieue.

Cette problématique est observable dans diverses métropoles du monde où l’on retrouve une forte densité de population, notamment sur le continent asiatique. C’est pourquoi de nombreux propriétaires souhaitent rentabiliser davantage leur domicile en construisant de petits logements, des microlotissements, dans leur cour arrière. Cette initiative permet non seulement d’engranger des revenus mensuels pour amortir leur hypothèque, mais permet également de rentabiliser chaque parcelle de leur terrain parfois inutilisée.

AUDIO | Réécoutez mon entrevue avec Olivier Lajeunesse-Travers, jeune entrepreneur souhaitant étendre l’idée de microlotissement à Montréal grâce à son entreprise en démarrage Microclimat Design et Constructionhttp://bit.ly/M6C3zx

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