Avec l’arrivée de l’été, de la saison touristique et du 375e anniversaire de Montréal, je ne peux m’empêcher de relancer le débat sur l’avenir de notre Vieux-Port.

Le site a beau être le lieu touristique le plus fréquenté en province (en moyenne 6 millions de visiteurs chaque année avec l’Igloofest, les feux d’artifice, etc.), il fait pitié.

Certes, la défunte Société du Vieux-Port a posé des gestes significatifs ces dernières années pour améliorer la dimension événementielle du site avec la plage urbaine, le Centre des sciences, la Scena… Mais on a oublié l’essentiel: la vitrine sur le fleuve Saint-Laurent.

Comment se fait-il que le boardwalk le plus significatif de Montréal ne soit qu’une large voie asphaltée, conçue pour les voitures, plutôt qu’une accueillante promenade piétonnière bordée de chaises longues pour admirer la beauté du paysage?

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03 - Vieux-Port de Montréal

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J’espérais sincèrement que le 375e anniversaire de Montréal en 2017 (et, par le fait même, le 150e anniversaire de la Confédération) puisse être l’élément déclencheur auprès d’Ottawa pour revitaliser ses installations du Vieux-Port, mais rien ne laisse présager une telle initiative. Du moins, pour le moment.

En appelant les autorités concernées, on me confirme que des discussions sont actuellement en cours pour l’anniversaire de la métropole, mais qu’aucune décision n’a encore été prise. On réfléchit notamment à la possibilité de convertir le vieux Hangar 16 en un centre d’événements et d’expositions internationales, mais sans plus. La vision d’ensemble semble donc avoir été écartée du processus… encore une fois.

Dommage lorsqu’on considère que le Vieux-Port a dépensé l’argent des contribuables ces dernières années pour l’élaboration d’un grand plan directeur  visant à mettre en valeur sa vitrine maritime.

Bien des gens l’ignorent, mais l’architecte paysagiste de renommée internationale, Claude Cormier, a en effet planché sur une vision d’ensemble qui unifierait les installations du Vieux-Port. Il l’a fait au même moment où il concevait la Plage de l’Horloge en souhaitant offrir à Montréal un boardwalk digne d’une grande métropole internationale.

Eh bien, le Vieux-Port m’a fait comprendre qu’il valait mieux ne pas retenir son souffle. Son travail risque fort bien d’être tabletté…

 

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Pendant ce temps, plusieurs grandes villes nord-américaines, telles que Chicago, Toronto et New York, investissent des sommes considérables pour revitaliser leurs vitrines maritimes au grand bonheur des résidants et des touristes.

Voici l’exemple du New Westminster Pier Park, en Colombie-Britannique, qui vient tout juste de se voir décerner un prix national de design urbain de l’Institut royal d’architecture du Canada:

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ibiketo.ca
ibiketo.ca

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Le débat entourant la cycliste qui est décédée plus tôt cette semaine sur la rue St-Denis me rend drôlement mal à l’aise.

Mal à l’aise qu’une pauvre orthophoniste de 33 ans ait dû mourir tragiquement, écrasée sous un poids lourd, pour que nos élus réalisent l’importance d’apporter rapidement des changements majeurs au Code de la sécurité routière. Une refonte s’impose depuis déjà trop longtemps pour y inclure les vélos… de plein droit!

Mal à l’aise qu’une ville comme Montréal, qui se targue depuis l’ère Tremblay d’être la capitale nord-américaine du vélo, n’ait pas déjà aménagé, dans le passé, des mesures temporaires pour sécuriser le passage des cyclistes sous les viaducs achalandés.

Mal à l’aise qu’un nombre incalculable d’intersections névralgiques soient aussi pauvrement aménagées pour y accueillir convenablement les cyclistes et les piétons. Si la peinture au sol n’y est pas effacée trois fois sur quatre, ce sont les saillies de trottoir qui manquent à l’appel pour permettre aux Montréalais de patienter en toute sécurité aux intersections.

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Intersection Berri Cherrier
Intersection Berri / Cherrier

Mal à l’aise que les policiers du SPVM sévissent à l’endroit des cyclistes qui n’ont pas de réflecteurs sur leur vélo, mais qui se contrefoutent que 90% des voitures ne s’arrêtent jamais aux passages piétonniers… pourtant bien identifiés au sol. Il serait grand temps que l’on développe cette culture du partage de la route, comme c’est le cas dans plusieurs autres provinces canadiennes. Si on créait simplement un fond de design urbain avec les contraventions des automobilistes délinquants envers les passages piétonniers, je suis convaincu qu’on pourrait facilement financer le réaménagement de plusieurs rues, et ce, en quelques mois seulement.

Mal à l’aise, qu’en 2014, on prenne si peu au sérieux les piétons et les cyclistes aux abords des chantiers de construction, qui se multiplient comme de la mauvaise herbe sur l’île. Pourquoi doit-on déambuler dans la rue, avec les voitures, lorsqu’un chantier empiète sur le domaine public au lieu d’avoir un passage alternatif sécuritaire? On le fait pourtant dans plusieurs grandes villes du monde. Pourquoi pas à Montréal?

Bref, à quand une série de mesures concrètes, déployées uniformément sur l’île, pour faire de notre métropole une ville à l’échelle humaine du 21e siècle?

Montréal a grandement besoin d’un plan d’action similaire à celui de New York, comme je le mentionnais en janvier dernier dans une de mes chroniques du Journal Métro.

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Source: New York City DOT
Source: New York City DOT

 

Latest Aerial

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Suis-je le seul à avoir été surpris d’apprendre vendredi dernier que le maire de Montréal, Denis Coderre, souhaitait aller de l’avant avec un projet de recouvrement partiel de l’autoroute Ville-Marie?

Était-ce inclus dans sa plateforme électorale ? Pas que je sache. Y réfléchissait-il depuis plusieurs mois? Si c’était le cas, il a évité de le crier haut et fort.

Et non seulement Monsieur Coderre désire assouvir ce vieux fantasme de politiciens et d’urbanistes, il prend également soin de confier le dossier à son principal adversaire politique, le chef de Projet Montréal Richard Bergeron !

« Si je confie ce mandat à M. Bergeron, explique Denis Coderre, ce n’est pas à titre de chef de l’Opposition officielle, mais plutôt comme conseiller de l’arrondissement de Ville-Marie, pour ses compétences approfondies en urbanisme, et parce que son amour de Montréal ne fait aucun doute. Avec la ténacité qu’on lui connaît, j’ai la conviction qu’il saura mener ce projet à bon port ».

Quelle classe tout de même.

En même temps, s’il y a bien un politicien montréalais qui croit plus que tout aux bénéfices potentiels du recouvrement de cette horrible cicatrice urbaine, c’est bien le chef de Projet Montréal. Il en a tout de même fait l’un de ses chevaux de bataille lors de la plus récente campagne électorale.

Il devra donc s’assurer de créer un véritable legs pour le 375e de la métropole, en retissant les liens entre le centre-ville et le Vieux-Montréal grâce à une nouvelle place publique autour de la station de métro Champs-de-Mars.

Monsieur Bergeron doit déjà avoir quelques idées en tête, mais comme c’est un dossier qui me tient également à cœur, j’ai tout de même pris soin de rassembler quelques projets internationaux inspirants pour contribuer à sa réflexion.

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Klyde Warren Park

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À Dallas, au Texas, un partenariat public-privé a permis la création du Klyde Warren Park, un vaste espace vert chevauchant une autoroute à huit voies très similaire à Ville-Marie.

Inauguré en 2012, ce projet de 122 M$ propose aux familles du secteur une série d’activités tout au long de l’année, de la présentation de concerts en plein air à des séances de yoga en groupe.

Les bénéfices de cette initiative n’ont pas tardé à se faire ressentir. En plus de réduire significativement la création d’îlots de chaleur, la demande pour les propriétés des quartiers avoisinants a considérablement augmenté au cours des derniers mois, tout comme la valeur foncière des édifices. Certains médias locaux parlent carrément de renaissance pour ce secteur de la ville, longtemps négligé par les autorités municipales.

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CityArchRiver

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Chapeauté par la firme d’architecture de paysage Michael Van Valkenburgh Associates, le CityArchRiver Project s’inscrit dans un vaste plan de revitalisation de St. Louis [au Missouri] qui comprend deux objectifs principaux : 

1-    Mettre en valeur les berges de la ville et le Gateway Arch;

2-    Créer un parc au-dessus de l’autoroute I-70 qui scinde actuellement la ville en deux.

Ce projet de 380 M$, dont 250 M$ provenant de dons privés, inclus également l’ajout de pistes cyclables, l’expansion d’un musée et l’aménagement d’une place publique pour des spectacles extérieurs.

Le CityArchRiver devrait voir le jour d’ici la fin de 2015.

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http://www.youtube.com/watch?v=AScQ_ogyxqQ

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Madrid Rio

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Bien que l’ampleur de ce projet dépasse largement le recouvrement de notre autoroute Ville-Marie, le Madrid Rio est franchement inspirant.

Cette initiative pharaonique de 10 kilomètres a été initiée en 2004 afin d’enterrer l’autoroute M-30 qui traverse la ville de Madrid, en créant une gigantesque promenade urbaine linéaire.

On y retrouve des aires de jeu pour enfants, des circuits de remise en forme, des espaces de repos, des pistes cyclables et de nombreux jeux d’eau.

Comprenant plus de 25 000 arbres, le Madrid Rio agit comme un véritable poumon vert en purifiant l’air ambiant et en limitant la création d’îlots de chaleur.

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La Línea Verde

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Située dans la ville mexicaine de Aguascalientes, La Línea Verde est un bel exemple de mobilisation citoyenne qui avait pour but de se réapproprier des terrains pratiquement laissés à l’abandon dans un quartier résidentiel.

Le secteur était devenu un lieu de rencontre pour les gangs de rue et les trafiquants de drogue.

Étant de plus en plus inquiets pour leur sécurité, les citoyens se sont mobilisés pour exiger l’aménagement d’un projet qui contribuerait à redynamiser le secteur et le tissu social.

Résultat : un superbe parc linéaire éclairé à l’énergie solaire et alimenté en eau grâce à une centrale située à proximité. On y retrouve notamment des gyms extérieurs, des terrains de soccer, une piscine publique et plusieurs zones pour pratiquer le Zumba.

Le projet a été réalisé en plusieurs phases au coût de 41 M$ et plusieurs citoyens de l’endroit ont participé à son aménagement.

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Concours national d’idées / Design Montréal

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En terminant, n’oublions pas que la Ville de Montréal avait lancé, en novembre 2009, un concours national d’idées pour l’aménagement des abords de la station de métro Champ-de-Mars.

L’initiative visait à explorer et à illustrer diverses possibilités d’aménagement basées sur l’hypothèse du recouvrement de l’autoroute Ville-Marie et du déplacement éventuel des bretelles de sortie autoroutières.

Voici les 3 propositions lauréates dans la catégorie « Professionnel »:

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Tel que mentionné ce matin dans ma chronique du Journal Métro, les Viennois possèdent un grand talent pour animer leur espace public.

L’exemple qui m’a certainement le plus impressionné se situe en plein cœur du Quartier des Musées où une vaste place publique a été ingénieusement ponctuée de sièges de plastique aux formes géométriques variées. Du jaunes canari au rouge pompier, ces bancs se transforment tout au long de la journée en petits théâtres citoyens que j’ai bien dû observer avec fascination pendant près d’une heure. Les enfants s’y amusent comme des petits fous, alors que de jeunes étudiants y prennent un bain de soleil entre amis. On profite simplement de la vie, quoi !

Un concept simple, mais efficace.

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Critiquer le Plateau Mont-Royal semble être une tendance bien populaire ces derniers mois. Que ce soit pour ses évaluations foncières trop élevées, la fluidité de la circulation automobile, l’augmentation des tarifs des parcomètres ou encore le déneigement intermittent, l’attention médiatique accordée au secteur a été plutôt étonnante, pour ne pas dire exagérée. Malheureusement pour le maire Luc Ferrandez, ses bons coups, dont celui d’étendre le concept des trottoirs végétalisés dans l’arrondissement, n’ont pas fait autant de bruit.

D’abord pour sécuriser les intersections des rues, ensuite pour verdir ses quartiers résidentiels, le Plateau Mont-Royal s’est doté d’une dizaine de trottoirs végétalisés au cours des deux dernières années. Concept bien populaire dans certaines villes américaines comme San Francisco ou Portland, ces charmants îlots de végétaux embellissent des secteurs où le bitume est traditionnellement maître. Sur le site web de l’arrondissement, on avance même que ces projets permettraient de réduire les îlots de chaleur, problématique de plus en plus fréquente sur l’ensemble de l’île de Montréal.

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Malgré le look simpliste de ces projets, chaque saillies de trottoirs végétalisées frôle étonnamment les 30 000$ en moyenne par intersection. C’est pourquoi l’arrondissement multipliera ce type d’intervention urbaine que très progressivement au cours des prochaines années étant donné son cadre financier austère. La priorité ira d’abord aux intersections des rues à proximité des écoles et des garderies pour ralentir la circulation automobile.

L’exemple de Portland

La ville de Portland aux États-Unis a fait les manchettes à plusieurs reprises ces dernières années grâce à diverses initiatives novatrices pour verdir son centre-ville. Non seulement les autorités municipales ont fait disparaître une autoroute pour faire place à grand parc urbain, mais la ville a également investit massivement dans la création de trottoirs végétalisés. Différentes variétés de plantes et d’arbres ont ainsi fait leur apparition sur de grandes artères commerciales, mais également dans plusieurs secteurs résidentiels.

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De plus, une expérience pilote a été menée au centre-ville de Portland pour tenter de remplacer partiellement le système d’aqueduc vieillissant. Des bacs à fleurs ont ainsi été convertis en un système de gestion des eaux pluviales en y insérant une série de jardinières qui récupèrent l’eau de pluie au moyen de rigoles. L’eau captée par ces dernières passe ensuite à travers une fine couche de terre et une membrane de géotextile avant de retourner dans la nappe phréatique. Selon les autorités municipales, ces bacs à fleurs canalisent annuellement la grande majorité du ruissellement engendré par les pluies et ont permis de régler le problème de canalisation sans devoir tout repenser le système.

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Une solution à envisager pour les égouts vétustes de Montréal?

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À VOIR ÉGALEMENT | Pour plus de détails concernant l’expérience de Portland, cliquez ici.

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Crédits photo: Marc-André B. Carignan (Plateau Mont-Royal) + Ville de Portland

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Une nouvelle plage urbaine d’une capacité de 1000 personnes sera officiellement inaugurée dans le Vieux-Port de Montréal en juin prochain. Son nom: la Plage de l’Horloge.

Inspirée du concept de Paris Plages en France, cette initiative de l’architecte paysagiste et designer urbain Claude Cormier s’intègre dans un vaste plan de redéveloppement de la Société du Vieux-Port de Montréal qui prévoit injecter 180 millions d’ici 5 ans dans ses infrastructures.

Sable soyeux, parasols bleus, chaises longues et verdure seront au rendez-vous. Par contre, la baignade sera interdite étant donné le fort courant dans le secteur.

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AUDIO | Pour réécouter mon entrevue avec Claude Cormier, cliquez ici

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